En tant que coach de dirigeants, j’ai rencontré de nombreux dirigeants et cadres dirigeants stressés. Au point où je me suis formé à la gestion du stress pour pouvoir mieux les accompagner.

Le 5 -ème baromètre de la forme des dirigeants de la Fondation MMA (Opinion Way – 1501 entrepreneurs interrogés) n’est pas très rassurant : il fait ressortir que les dirigeants restent durement impactés par le stress et la surcharge de travail, 70% se déclarant touchés au quotidien.
Selon cette étude, 4 dirigeants sur 10 déclarent ne pas parvenir à maintenir un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Et en même temps, 90% déclarent être heureux dans leur vie.
Bonne nouvelle, on peut donc être stressé et être heureux si on trouve du sens à ce que l’on fait. De fait, le stress est avant tout une affaire de perception.
Est-ce une raison pour ne pas s’intéresser plus que cela au stress ? Certainement pas, car ignorer la mécanique du stress c’est piloter un avion en flamme. A la fin il s’écrase et de surcroît on risque d’embarquer les passagers avec soi.
Rappelons que le dirigeant est aujourd’hui pénalement responsable de la santé de ses collaborateurs.
L’article L4121-1 du Code du travail rappelle à cet égard les mesures que doit prendre l’employeur pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses salariés. Les mesures contiennent :
des actions de prévention des risques professionnels et de la pénibilité au travail ;
des actions d'information et de formation ;
la mise en place d'une organisation et de moyens adaptés.
Non seulement, le dirigeant doit apprendre à gérer son stress mais il doit aussi s’occuper de la santé de ses collaborateurs. Le procès France Telecom en cours le rappelle en ce moment.
Les DRH sont eux aussi en première ligne. D’ailleurs l’Association nationale des directeurs de ressources humaines (ANDRH) a engagé une réflexion sur l’épuisement professionnel.
Et si on commençait par le commencement : mesurer son niveau de stress …
Quand on est malade ou qu’on se sent fiévreux, on prend sa température. En fonction de ce que le thermomètre indique on agit. Mais qui connaît l’instrument de mesure du stress le plus répandu et le plus simple : le test de Cohen et Williamson ? Très peu de monde finalement. Et pourtant, en 10 questions, l’autodiagnostic vous indique si vous devez prendre le sujet au sérieux. (*)
Pour ma part, dès que je sens que la personne que je coache semble stressée, je propose de faire cette mesure.
En deçà d’un sore de 21, la personne qui sait gérer son stress, sait s’adapter et pour elle, il existe toujours des solutions. On peut continuer sur ses objectifs de coaching.
Au-delà de 27, la personne a le sentiment de subir la plupart des situations et de ne pouvoir rien faire d’autre que de les subir. Ce fort sentiment d’impuissance lié à sa représentation de la vie peut la faire basculer dans la maladie. Un travail sur son schéma de pensée est souhaitable ainsi qu’un changement dans sa manière de réagir.
Cela doit nous amener à être attentif aux autres signaux que le corps émet, comme pour appeler à l’aide, parmi lesquels on trouve notamment la fatigue, le mal de dos, l’insomnie, l’irritabilité, la tendance à l’isolement ou à un stade plus avancé la sensation d’oppression, l’ulcère ou encore des colites spasmodiques. Chacun réagit différemment mais le corps réagit toujours ! A nous de l’écouter.
Que faire alors quand on a pris conscience du problème ?
Agir, avant qu’il ne soit trop tard.
Cela veut dire dans un premier temps :
comprendre la mécanique du stress.
identifier les facteurs déclencheurs, au nombre de 4 :
les demandes internes (les drivers) qui correspondent à la pression que l’on se met soi-même inconsciemment
les demandes externes. Sont-elles trop importantes ?
les ressources externes. Sur qui puis-je m’appuyer ?
les ressources internes. Suis-je compétent pour faire ce que je dois faire ?
recenser toutes les possibilités de « prendre du recul » par rapport à la situation (vacances, sport, relaxation, cohérence cardiaque, marche, sortie entre amis, réévaluation cognitive ...)
Il est temps alors de passer à l’action en prenant des mesures correctives, pas à pas qui correspondent le mieux à ce qu’il est possible de faire. L’important c’est de reprendre la main et la maîtrise de sa vie.
Les conseils pour gérer son stress se trouvent partout, dans des revues spécialisées, dans les hebdos, sur internet. Le niveau de stress en entreprise étant très élevé, on voit bien que cela ne suffit pas.
Se faire accompagner
On peut bien sûr aussi pratiquer le yoga, faire de la sophrologie, prendre des cours de Pilates, de méditation ou de relaxation. Tout cela viendra compenser utilement le stress.
Il est aussi efficace de se faire accompagner par un coach formé à la gestion du stress lors de séances consacrées à ce sujet. Car il va falloir changer ses habitudes et les coachs sont formés à cela.
A défaut, les médecins disposent d’autres armes pour éviter les conséquences néfastes du stress : l’arrêt de travail, les médicaments, les conseils médicaux voire l’hospitalisation. Mais ce sont des solutions curatives plus que préventives.
Ne pas gérer son stress revient à ne pas entretenir sa voiture. Au bout de la route on risque le burn-out ou la casse auto.
Serions-nous plus attentifs à nos voitures qu’à nous-mêmes ? Le contrôle technique est obligatoire tous les deux ans mais pas le test de Cohen et Williamson !
Xavier Vankeerberghen
(*) On trouve le test de Cohen et Williamson sur internet, je peux vous l’adresser sur simple demande